La résilience des agricultures africaines face à la crise sanitaire
Patrick Dugué, agronome et expert de la diversité des agricultures africaines au CIRAD analyse la capacité de résilience des agricultures africaines dans un article écrit dans le cadre d’une série consacrée aux impacts de la COVID-19 sur la sécurité alimentaire de plusieurs pays tropicaux.
A l’échelle continentale, l’Afrique fait face à de nombreuses insécurités : terrorisme, attaques de ravageurs sur les cultures, crise sanitaire liée à l’épidémie de la COVID-19 qui menacent la sécurité alimentaire de plusieurs pays africains. Cependant, selon l’analyse de Patrick Dugué, il semblerait que la crise sanitaire actuelle permette de révéler la capacité de résilience des producteurs ouest-africains engagés dans la production vivrière.
En effet, les pays d’Afrique de l’Ouest offrent un haut potentiel de production pour les cultures vivrières (manioc, plantain, sorgho, igname) et mobilisent très peu d’engrais et pesticides de synthèses, les écartant ainsi de la difficulté d’accès aux intrants.
De plus, les différentes restrictions liées aux déplacements et les mesures de couvre-feu engagées par de nombreux gouvernements ouest-africains n’ont pas menacées la main d’œuvre qui est restée disponible dans les zones de production. La COVID-19 touche principalement pour le moment les villes, la population rurale plutôt jeune est minoritairement atteinte par la maladie.
Enfin, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entrainant la baisse des importations et des exportations pourrait provoquer des changements d’habitudes de consommation des populations urbaines. Ainsi, il serait possible que certains consommateurs valorisent les produits locaux tels que les céréales et les variétés locales de fruits et légumes.
Si des politiques publiques adaptées sont mises en place, les filières vivrières ouest-africaines pourraient devenir plus compétitives que les produits importés et ainsi permettre aux pays la souveraineté alimentaire !